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Un matin de mai fleuri
00:54
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Dans la joie ou la tristesse, les fleurs sont nos amies fidèles. Nous mangeons, nous buvons, nous chantons, nous dansons, nous flirtons en leur compagnie. Nous nous marions et nous baptisons avec des fleurs. Quand nous gisons dans la poussière, les fleurs s’attardent éplorées sur nos tombes.
Le culte des fleurs / Kazuko Okakura, Le livre du thé
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2. |
Enjoy your sorrow
03:07
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Dites moi, douces fleurs, larmes des étoiles, dressées dans le jardin, dodelinant vos têtes au gré des abeilles qui chantent la rosée et les rayons de soleil ; dîtes moi, savez-vous le sort cruel qui vous attend ? Rêvez, balancez-vous et folâtrez tant que vous pouvez dans la douce brise estivale. Demain, une main impitoyable étreindra votre gorge.
Vous serez arrachées, démembrées, emportées loin de vos paisibles demeures. Ce sera votre destin d’être emprisonnées dans les cheveux d’une que vous savez sans coeur, ou glissées dans la boutonnière d’un qui n’oserait même vous regarder en face si vous étiez un homme. Ce sera sans doute votre lot d’être enfermées dans quelques vase étroit, avec un peu d’eau stagnante pour étancher la soif panique qui avertit que la vie passe.
L’absurde gaspillage. Le nombre de fleurs coupées chaque jour pour orner les salles de bal ou les banquets, et que l’on jette dès le lendemain. Liées en une seule guirlande, elles feraient le tour d’un continent. Où vont-elles, quand la fête prend fin ?
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3. |
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Pourquoi les fleurs sont-elles nées si belles et cependant si malheureuses ?
Les insectes, au moins, peuvent piquer, et même la bête la plus inoffensive se battra si elle est aux abois. L’oiseau dont on cherche le plumage pour orner quelque chapeau peut, en s’envolant, échapper à son poursuivant.
Hélas ! La seule fleur dotée d’ailes est le papillon ; toutes les autres demeurent impuissantes devant leur bourreau. Crieraient-elles pendant leur agonie que leurs plaintes n’atteindraient pas nos oreilles endurcies ! Nous nous montrons toujours brutaux vis-à-vis de ceux qui nous aiment et nous servent en silence.
Mais le temps viendra peut-être où nos plus chers amis s’éloigneront de nous, tant nous avons été cruels à leur endroit. N’avez vous pas remarqué que les fleurs sauvages deviennent plus rares chaque année ?
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4. |
Adventices
04:47
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Un guerrier ruiné qui, par une nuit glacée, manquant de bois pour son feu, coupe ses plantes chéries pour recevoir un moine errant.
Un avis destiné à protéger un prunier magique. Après avoir évoqué la beauté de ses fleurs, l’inscription dit :
« Quiconque coupera une seule branche de cet arbre se verra confisquer un doigt en retour. ».
« Si je te cueille, ma main te souillera, ô fleur! Telle que je te vois, dressée dans la prairie, je te donne en offrande aux bouddhas passés, présents et futurs. »
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5. |
Muguet
04:00
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De nos cendres surgit le phénix ; de la délivrance naît la plus haute humanité. Alors, pourquoi ne pas détruire les fleurs si nous pouvons en tirer de nouvelles formes à même d’ennoblir l’idée du monde ? Nous ne leur demandons que de sacrifier avec nous à la beauté. Et sans doute les fleurs elles-mêmes savent-elles apprécier pareil sacrifice. Car elles ne sont point lâches, comme le sont les hommes. Certaines trouvent leur gloire dans la mort – ainsi les fleurs de cerisiers qui s’abandonnent librement aux vents.
Ainsi raisonnaient les maîtres de thé lorsqu’ils établirent le Culte des Fleurs.
Le Culte des Fleurs… Loin de cueillir au hasard, les maîtres du thé choisissent soigneusement chaque branche, chaque brindille, sans jamais perdre de vue la composition qu’ils ont dans l’esprit. Ils mourraient de honte si d’aventure ils coupaient davantage qu’il n’est nécessaire.
Quand un maître de thé a disposé une fleur selon son goût, il l’installe dans l’alcôve d’honneur. Rien ne sera placé près d’elle.
Aussi la fleur se tient-elle là comme un prince sur son trône, que les invités ou les disciples, en pénétrant dans la pièce, saluent en se courbant profondément , avant même de s’incliner devant leur hôte.
Quand la fleur se fane, le maître la confie tendrement à la rivière ou bien l’enterre avec soin. Parfois, on élève même un monument à sa mémoire.
Pénétrant dans une chambre de thé à la fin de l’hiver, vous y contemplez une frêle brindille de cerisier sauvage accompagnée d’un camélia en bouton – écho d’un hiver qui s’en va et d’un printemps qui s’en vient.
Ou bien, par une brûlante journée d’été, vous vous glissez dans la chambre pour le thé de midi , et vous découvrez, dans la fraîcheur tamisée, un simple lis dans un vase suspendu. Mouillé de rosée, il semble sourire à la folie de la vie.
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XXIV Productions Corcoué Sur Logne, France
Nano label DIY
A.M.A.P. sonore pour musiques intrigantes
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